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Carpe de Trèfle
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7 novembre 2009

Interview de Samuel Salamagnon

Samuel Salamagnon est aujourd'hui une figure médiatique de notre passion en France.
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Consultant pour la revue Carpe Record, fieldtester et membre de la team France pour la société NUTRABAITS, il a accepté de répondre à quelques questions: 


Bonjour Samuel peux-tu nous faire une brève présentation ?


      Bonjour Clément. Je suis né en 1970 au Havre. Je suis papa de 3 enfants. J’exerce dans l’Eure, non loin de Vernon, le métier de Directeur d’Exploitation logistique.
Au niveau de mon pédigrée pêche, je pêche la carpe depuis le début des années 90. J’ai collaboré à la revue Carpe Magazine durant 3 années. Depuis 2 ans, j’écris dans Carpe record. Également, je suis fieldtester pour la société NUTRABAITS et fait partie de sa team France.

- Comment as-tu commencé à pêcher la carpe?

      J’ai commencé à pêcher avec mon père à l’âge de 6 ans. A l’époque c’était une pêche tout venant. Puis par la suite, à l’adolescence, habitant en bord de mer, j’ai pratiqué la pêche en surf casting et au lancer du bord. Menant une carrière de sportif de haut niveau, j’avais beaucoup de temps libre. J’ai cherché des émotions plus fortes et surtout la pratique d’une pêche plus technique. Au détour de la revue " La pêche et les poissons " j’ai découvert les premiers pas de la pêche de la carpe aux techniques modernes en France.


- Est-ce la pêche qui a le plus d’importance pour toi?

      La pêche est importante car elle me permet de m’évader et de trouver l’équilibrer avec mon activité professionnelle intense. Mais ce n’est pas ce qui est le plus important à mes yeux. Le plus important est bien évidemment lié à mes enfants et à leurs éducations. Également, mon métier est important. D’une part parce que j’aime ce que je fais, et d’autre part parce qu’il me permet de m’offrir du bon temps à l’extérieur. 


-    Quels sont tes lieux de prédilection?

      Je n’ai pas de lieux de prédilection ni même de type d’eau préféré. Je prends autant de plaisir en fleuve, en rivière, en étang ou en lac. J’aime au contraire faire la découverte de nouveaux lieux et des mystères qu’ils abritent. Je prends toujours cela comme un nouveau challenge, un nouveau défi. D’autre part, je ne suis pas capable de rester plusieurs années sur un plan d’eau en attendant que les carpes grandissent pour m’apporter les émotions dont j’ai besoin. Ce que je recherche c’est l’inconnu et ce que je vais pouvoir développer  pour capturer les carpes. La faculté à comprendre les mœurs des carpes et de réussir à déjouer leur méfiance m’enthousiasme toujours autant.
Je ne suis pas non plus un pêcheur dont la quête du graal réside dans la capture d’une carpe en particulier ou de battre un record. Mon leitmotiv c’est de capturer une carpe, puis une autre, puis une de plus, sur un secteur, un lieu que je ne connais pas. Je reviens justement d’une session de 5 jours en Corrèze avec un résultat mitigé. Mais l’essentiel est là, j’ai réussi à capturer des carpes sur un site que je connaissais pas qui plus est, dans des conditions de pêche rendues difficiles en raison de la baisse très importante du niveau d’eau. C’est primordial à mes yeux de ne pas se focaliser sur un type d’eau et de ne développer qu’une partie technique de notre pêche.  Je crois ne pas être spécialiste dans un domaine mais moyen dans tous. 
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Comment abordes-tu un coin de pêche ?

       Mon expérience professionnelle joue un grand rôle dans la préparation. J’aime savoir ou je mets les cannes. Non pas que j’ai besoin de savoir quels poissons y nagent, mais je souhaite à minima connaître la législation en vigueur, la nature des fonds et tous les points qui peuvent me permettre de me préparer avec efficacité. Internet joue un grand rôle pour cela. Les échanges sur les forums de discussion, Google Earth, les sites et blogs répondent à mes besoins.

      Ensuite sur place, au niveau de la stratégie d’amorçage c’est une question d’adaptation et de temps. Pour une session d’au moins 5 jours, il est possible de construire une stratégie d’amorçage qui sera payante. Ainsi, dans cette situation, je n’hésite pas à disperser sur une grande surface de la bille Trigga qui m’ont donné des résultats très supérieurs pour cette tactique. Généralement, dans cette approche, les carpes rentrent massivement sur le coup au bout de 24 à 48 heures. Préalablement, je place mes lignes sur le secteur avec très peu d’appâts car il y a toujours des carpes de passage ou résidentes à capturer durant les premières heures.
   
      Pour le cas des sessions de plus courte durée, j’adopte une stratégie différente en plaçant mes montages sur des points différents avec très peu d’appâts. Pour ce cas, je privilégie les Trigga Ice ou la G force qui ont un pouvoir de diffusion plus rapide. Au fil des captures, je tends à concentrer mes lignes sur le ou les spots qui témoignent de l’activité des carpes.

      Lorsque les situations où les choses ne se passent pas comme prévu, je m’active. Soit en changeant de type de montage, de présentation ou d’esche,  soit en modifiant les spots de pêche de mes montages, soit en changeant de poste. Et là, seule l’intuition et le sens de l’eau dictent mes choix.




- Je sais que tu es soutenu par la marque NUTRABAITS, peux-tu nous parler un peu de ces appâts?

      Nutrabaits est une marque d’appâts qui existe depuis 1986. Depuis la création, les appâts sont créés par des carpistes pour des carpistes. De célèbres carpistes tels Bill COTTAM, Tim PAISLEY, Ken TOWNLEY, Philippe LAGABBE ont, et continuent de participer à la naissance d’un produit. Le travail qui entoure la création d’une bouillette est colossal. Une idée est mise en application. Une première production test est conçue et testée.

      Au fil des essais, la conception est modifiée jusqu’à ce que le résultat obtenu soit conforme aux attentes. Toutes les productions chez NUTRABAITS suivent le même parcours. J’ai le privilège de faire partie des fieldtesters, et au même titre que mes amis nous intervenons pour tester les appâts avant même que les bouillettes soient commercialisées.
La gamme G force qui commence à être distribué en France est dans nos mains depuis près de 2 ans ! C’est ce mode basé sur la recherche et le développement qui permet à notre passion de continuer d’évoluer sur le plan technique.

      Aujourd’hui, on retrouve essentiellement cette politique commerciale outre manche. C’est surement une des raisons pour laquelle l’innovation vient d’Angleterre. En France, en dehors de certaines sociétés, la politique est axée sur du « copier, coller ». On copie ce qui marche chez les autres pour vite être rentable.Bill COTTAM fait le choix de la pérennité. Si NUTRABAITS est toujours présente après plus de 20 ans c’est que les carpes ne s’y trompent pas !La gamme est très large. Elle compte plus de 500 produits différents !

      TRIGGA est surement l’appât le plus célèbre de la marque, et un des plus célèbre du marché de la bouillette en général. Elle a permis de capturer des carpes dans toutes les eaux et dans beaucoup de pays. Comme nous avons plaisir à le dire au sein du team France, le fait de pêcher avec cette marque nous permet de nous concentrer sur des points essentiels tels que la localisation des carpes. Car une chose est certaine, nous avons une totale confiance dans la capacité des appâts NUTRABAITS à permettre la capture de carpe. L’essentiel est ailleurs quand on a la confiance !



- Après toutes ces années à traquer les carpes, qu’est-ce qui t’attire toujours dans cette pêche ?

      Ce qui continue à m’attirer c’est le mystère. La découverte de terre vierge, la capture d’un poisson, la rencontre de pêcheur valeureux sont les trois points qui me font continuer à évoluer dans cette pêche. Que sera t’il demain ? Difficile de le prédire. Mais à mon niveau une chose est certaine, c’est que je continuerai à évoluer si j’ai toujours la liberté d’aller tremper mes fils là où mes envies me poussent.


- En 20 ans, la pêche de la carpe a subit un réel essor. Comment vois-tu cet effet de mode ?

      Cette question me fait sourire car lors de mes premiers pas, je me souviens de mes parents qui me disaient : « ah, encore une nouvelle lubie ». Près de 20 ans plus tard, cette pseudo lubie a un vrai sens dans ma vie...

      Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un effet mode car l’engouement s’en serait ressenti à la baisse. Ce que la pêche du Silure a d’ailleurs vécu. Je crois que la pêche de la carpe apporte bien plus que l’acte de pêcher. Le partage et la solidarité véhiculés autour de cette passion ont permis de faire naitre des amitiés très fortes entre des hommes et femmes d’origines diverses. Le fait de bivouaquer et de vivre malgré les conditions météorologiques sont, je pense, aussi un des vecteurs qui contribue à la pérennité de cette technique.

      Cela mériterait une étude sociologique pour mieux comprendre la passion autour de ce poisson. Je n’ai pas les compétences pour en analyser les raisons mais je me réjouis de retrouver au bord de l’eau des jeunes et moins jeunes qui respectent tant le no kill.   



-    Depuis quelques années l’implantation des esturgeons en eaux closes et le développement du silure en eaux vives offrent de très belles perspectives en terme de pêche sportive. Comment vois-tu le développement de ces deux espèces?


      Ces deux espèces offrent en effet des perspectives intéressantes pour la pêche sportive. On pourrait aussi citer le black bass et l’amour blanc qui sont apparus ces dernières années sur le niveau de pêche sportive.

      Je suis favorable à ces introductions à partir du moment où elles sont faites avec régulation par des professionnels de la faune piscicole. On sait aussi que l’expérience avec les sandres démontre que les empoissonnements mal gérés dérèglent l’équilibre aquatique pendant des décennies. J’y suis donc favorable dans le seul cas où l’implantation est réalisée par des professionnels responsables.

       Par contre, je ne pense pas que l’esturgeon et le silure créent un engouement aussi important que la carpe.
   


- J’ai pu lire que tu avais pêché le Danube, envisages-tu de retourner pêcher à l’étranger et quels pays te ferais envie?


      Le Danube restera un moment fort dans ma vie de pêcheur de carpe et dans ma vie. Lors de ce séjour j’ai eu la chance de rencontrer un homme qui a beaucoup participé au développement de la pêche de la carpe. Cette personnalité c’est Philippe LAGABBE vous l’aurez reconnu. Aujourd’hui, je suis toujours en contact avec Philippe même s' il s’est retiré de la pêche. Je regarde toujours le parcours de cet homme avec beaucoup d’admiration, et j’essaye de m’en inspirer.

      Sinon, il y a deux ans, je devais me rendre au Maroc mais pour des raisons administratives indépendantes de ma volonté j’ai dû annuler ce voyage. Je songe à y aller si une opportunité se présente. Le Canada, l’Afrique du Sud et l’Italie m’attirent aussi. Avec Bruno Médou nous parlons souvent du Canada…


- Des carpes record ne cessent de tomber dans le domaine privé, selon toi est-ce une dérive de notre pêche ou une prouesse piscicole ?

      Avant tout, je ne désapprouve pas les pêcheurs qui sont attirés par le privé. J’ai des amis qui sont devenu addict. Je comprends leurs motivations qui la plupart du temps sont du domaine de la sécurité, du nombre de départ, du confort.

      Seulement, ce n’est pas ce qui correspond à ma vision de ma pêche. J’ai testé des étangs privées, et j’observe que j’ai besoin d’espace et de rêver de carpes encore jamais capturées.

      En effet, des carpes « records » sont capturés dans le privée mais je n’oublie pas que certaines d’entre elles viennent du domaine publique. La valeur des records n’a pas d’intérêt à mes yeux, et encore moins ceux du privé.
De manière pragmatique et pour répondre à ta question, je pense qu’il s’agit à l’origine d’une dérive de notre pêche, puis de l’utilisation commerciale que certains en ont fait conduisant des carpes à parcourir des centaines de kilomètre pour passer du domaine publique au domaine privée. Ensuite, à coup de pellet ces carpes à la manière des sumos ont atteints le poids qui les range dans une certaine catégorie.Est ce vraiment un exploit de capturer une des ces carpes?
Je laisse à chacun se faire sa propre opinion de la question. Ma façon de pêcher démontre a elle seule ce que je pense de tout cela.   

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- 2009 va bientôt toucher à sa fin peux tu nous faire un rapide bilan de ta saison ?

      Clément, une fois n’est pas coutume je ne te ferai pas un bilan avec des chiffres car les mots dans le cas présent ont plus de valeurs. Alors certes, j’ai capturé un certain nombre de carpes en Corrèze, dans le Morvan, dans l’Oise, en Normandie. Mais cette année fût très particulière.

      En effet, 2009 sera pour moi une année charnière. Le développement de la société dans laquelle j’exerce, ainsi que mon organisation familiale m’a conduit à prendre du recul et à réfléchir sur mon planning pêche. Contrairement à ce que j’ai vécu sur les 5 dernières années durant lesquelles je réalisais beaucoup de mini session de 36 à 48 heures, j’ai commencé à amorcer une nouvelle orientation. Lorsque que j’analyse le rapport temps de préparation et temps de pêche j’observe que 1/3 de mon temps est consacré au rangement, transport, préparatif. C’est beaucoup trop de temps perdu !

-    As- tu des objectifs pour 2010 et pour les années à venir ?

      Oui, beaucoup comme tu peux l’imaginer à la lecture de mon bilan de l’année 2009. Je suis quelqu’un qui aime planifier par déformation professionnelle. Je sais dans les grandes lignes comment je vais conduire ma future saison. Dès la fin de 2009, je vais de nouveau revêtir la tenue d’un pêcheur baroudeur avide des grands espaces, celle que je portais il y a plus de 5 ans maintenant, et qui m’avait conduit dans de nombreux grands lacs, rivières et fleuve de France.

      Pour 2010 je programme 4 sessions de longues durées (6 jours minimum) sur des hauts lieux connus ou en devenir du territoire national. Plusieurs projets sont à l’étude. Pareloup, les lacs landais, le Rhône, le Cher, les lacs du Morvan…
      Également, je vais consacrer une bonne dizaine de mini session de 3 jours sur des gravières de Normandie exclusivement. Dès cet hiver, je vais réaliser le repérage et la topographie de lieux encore discrets.
Enfin, la rivière Eure attire le blank de mes cannes. Je m’y poserai sans nul doute pour des sessions éclairs de 12 heures.
      Comme tu peux le voir, ce projet est ambitieux mais je vais me donner les moyens de le réussir et de passer près de 100 jours au bord de l’eau en 2010. Au fil de mes sessions j’alimenterai mon blog que tu connais pour faire partager ma passion des espaces libres.
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Un grand merci à toi Samuel pour toutes ces réponses, j'espère que le vent te portera vers les plus beaux horizons et qu'il t'apportera de nombreux poissons au bout de tes lignes...
Vous pouvez retrouver Samuel sur son blog: http://samuel-salamagnon.spaces.live.com/
A+ Clément Herremans

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Commentaires
S
Félicitations, l'article est très intéressant<br /> <br /> Merci encore
E
belle ITV de big Sam
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